Le fascisme est à nos portes, il est temps d’en parler et de se mobiliser contre. Cette série n’a pas de fréquence et sera nourrie au fil de l’eau selon le besoin et l’inspiration. C’est une série gratuite.
L’année 2025 semble vouloir battre le record de l’année qui passe le plus vite et je suis complètement perdue dans le temps (et parfois l’espace mais ça c’est plus la fatigue j’imagine). En cherchant dans mes archives, je viens de voir que mon dernier article dans cette série ne datait pas d’il y a deux mois mais de plus de trois. Fin janvier, je vous parlais de nos outils quotidien, les outils tech spécifiquement, et pourquoi je pensais qu’il était temps de s’orienter vers un changement d’habitudes vu le contexte politique actuel.
Trump venait d’être investi et les géants de la tech, et tous les petits techbros qui les idolâtrent, s’empressaient de lui embrasser les bottes. Trois mois plus tard, notre industrie a fait complètement volte face sur le peu qu’elle avait mis en place pour plus d’équité, de diversité et d’inclusion (le fameux DEI qui est devenu un gros mot en quelques semaines). On nous dit maintenant ouvertement qu’il y a trop “d’énergies féminines” dans la tech (bon en même temps ils peuvent pas dire qu’il y a trop de femmes donc j’imagine que parler d’énergies permet de ne pas être rattrapé par les chiffres). On nous dit qu’il faut arrêter l’inclusion, que la diversité est dangereuse et que globalement, il faut laisser la tech aux techbros.
Mais le pire c’est que c’est même pas le plus terrifiant. Parce que tout ça s’accompagne de produits de plus en plus éthiquement critiquables, de gestion des données hyper problématiques et de vrais dangers pour la liberté et la sécurité des utilisateurices. Plus que jamais, il est temps de se poser la question des outils qu’on utilise au quotidien. Et si je ne suis pas persuadée que le boycott puisse vraiment avoir un effet (à ce stade, les milliardaires qui finances l’extrême droite en ont rien à foutre de perdre des millions ou même des milliards, leur objectif est ailleurs), je pense qu’il s’agit avant tout de se protéger autant qu’on peut.
I, Robot… You, Jane.
Le constat est le même qu’en janvier : il y a tout un tas d’outils que je ne peux pas arrêter d’utiliser. Par exemple, j’utilise Microsoft sur mon ordi perso, je l’utilise aussi au niveau professionnel. Et si je pourrais passer sur Linux sur mon ordi perso en théorie, en pratique ça me demanderait une énergie et un temps que pour le moment je n’ai pas. J’ai des ordinateurs Windows (perso) et un Mac (pro), et je ne me passer d’aucun. J’utilise régulièrement Amazon pour acheter des produits que je ne trouve nulle part ailleurs… Bref, la liste des outils que j’utilise qui appartiennent à des fascistes, les financent et les gardent au pouvoir sont assez nombreux pour que ces articles n’aient pas pour but de lancer un concours de pureté militante.
De toute façon, encore une fois, je ne pense pas qu’arrêter d’utiliser Microsoft par exemple changera quoi que ce soit à ce qui se passe dans le monde, et même si on était un nombre massif à le faire. Les gens se réjouissent du fait que Musk perde de l’argent avec le boycott de Tesla ces dernières semaines, et je dois dire que c’est assez jouissif parce que clairement ça atteint son égo… Mais globalement c’est tout ce que ça fait. Le type est toujours au pouvoir, il a toujours plus d’argent qu’on en verra jamais dans notre vie, et il fait toujours autant de mal. Musk est un colosse au pied d’argile et c’est facile de l’énerver, mais globalement, ce boycott n’a rien changé.
Sauf que du coup moins de gens achètent des voitures dangereuses qui prennent feu toutes seules et qui gèrent les informations de façon inacceptable. Il y a donc un impact, mais il est sur les individus. Personnellement, je veux quitter autant que possible les outils des GAFAM en particulier et les outils venant de boites pas éthiques en général parce que je veux pouvoir m’en protéger autant que possible. Et parce que je préfère donner mon argent à des boites éthiques, tant qu’à faire.
Donc voilà, le but c’est d’entamer une réflexion, peut-être de montrer que certains changements ne sont pas impossibles, mais si vous ressortez de cette lecture avec de la culpabilité, c’est que j’ai loupé mon objectif.
Tabula Rasa
En janvier je vous parlais de Spotify. Ça me semblait être un outil relativement simple et rapide à changer. Et de fait, c’est le premier que j’ai quitté. Ça fait presque deux mois maintenant que j’ai migré sur Qobuz. Il paraît que le son est meilleur (mais vu que j’écoute avec des enceintes et casques nuls et que j’ai une oreille musicale au zéro absolu, je vois pas trop de différence), la plateforme paie mieux ses artistes et pour l’instant il n’y a pas eu de bail côté soutien de l’extrême droite ou utilisation de l’IA dans ses catalogues, donc une grosse amélioration par rapport à Spotify.
Mon objectif reste inchangé : je veux sortir du streaming côté musique. Mais du coup je me laisse un peu plus de temps pour le faire. Pour le moment je n’ai pas le temps de m’occuper de ça, en attendant Qobuz est un bon compromis.
Ensuite, j’ai quitté Google.
Enfin… Je suis en train de quitter Google, plus précisément.
Je pensais honnêtement que ce serait très compliqué, alors que je n’ai pas une utilisation énorme de la suite Google. Mais globalement, j’utilise une adresse gmail qui est mon adresse principale, et en général mon adresse de connexion un peu partout, et le calendrier Google, sans lequel je ne survivrais pas.1 Et changer me semblait assez impossible.
Mais en fait en réfléchissant je me suis rendue compte que c’était juste qu’il fallait que je fasse les choses progressivement. Oui virer du jour au lendemain l’adresse gmail était assez impossible, mais basculer progressivement ça, par contre ça allait demander un peu de boulot et d’énergie mais c’était pas insurmontable.
Alors il y aune grosse semaine j’ai passé une mâtiné à choisir un nouveau service pour une adresse email (j’avais déjà fait des recherches avant), la créer, importer mes archives de mail et depuis dès que je reçois un mail sur mon adresse Google ou que je me connecte quelque part qui utilise cette adresse, je fais le changement. Je n’ai pas encore attaqué la question du calendrier, parce qu’il faut que j’explore la question des compatibilités et de l’import.
J’ai hésité sur quel service choisir, il y a énormément de prestataires qui font un super travail pour proposer des environnements beaucoup plus éthiques et qui protègent nos données et en choisir un m’a pris pas mal de temps. Finalement, j’ai choisi infomaniak2, une boite suisse qui propose tout un tas de service, dont un accès à une boite mail gratuite avec l’équivalent de la suite Google.
Il y avait tout un tas d’autres prestataires qui avaient l’air très bien, mais infomaniak propose des choses qui m’intéressent pour la suite, je pense que c’est là que je vais migrer cette newsletter (rappelons que substack considère que la liberté d’expression c’est de laisser des nazis utiliser leur plateforme et répandre leur idéologie fasciste) et possiblement mon site perso aussi, du coup ça m’a semblé pas mal de tout regrouper au même endroit.
Voilà où j’en suis de la “défascisation” de mes outils tech. Honnêtement c’est assez déprimant parce que je sais que je vais très vite me retrouver face à un mur pour plein d’outils mais pour le moment j’ai encore quelques chantiers à mettre en place… J’imagine que ça me donne l’impression de faire quelque chose, et c’est aussi un avantage, même s’il ne faut pas se perdre dans cette impression de contrôle et ne pas oublier que le combat se trouve aussi et surtout ailleurs3.
Avant le covid je notais des choses dans le calendrier et j’allais jamais le voir parce que je me souvenais… depuis le covid, je note absolument tout, je me mets des rappels, je vais le voir plusieurs fois par jour, et malgré tout il m’arrive d’oublier des trucs… AHEM.
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La question du contrôle de l’extrême droite de nos outils technologiques est un vrai combat, soyons clair·es et c’est un des leviers que l’extrême droite utilise pour avoir du pouvoir sur nous. Par contre, quitter mon petit compte spotify, clairement, c’est pas le combat du siècle, c’est plus de la protection et de l’hygiène, mais pas un combat qui fait avancer quoi que ce soit à l’échelle globale quoi.
Petite crainte : que cette boîte mette la clé sous la porte ou soit vendue. On verra bien !
Merci pour ton post : j'ai passe5tout un trajet en train à ouvrir un compte chez Infomaniak et changer mon adresse mail un peu partout. Ça fait du bien 👍🏻