Quand on prend un peu de recul et qu’on pense aux années passées, on se rend compte que les années passent et ne se ressemblent pas. Par exemple, 2016 est sûrement la pire année que j’ai vécue dans ma vie. 2011 et 2019 se battent pour la place de la meilleure année, pour des raisons complètement différentes… Et j’ai pas besoin d’attendre la fin de 2023 pour savoir que c’était une année chaotique (ce que j’avais pressenti, puisque mon slogan cette année était “Embrass the chaos”…).
Quand je pense à 2022, je pense à une année un peu morne. Pour moi, ça n’a été ni une grande année, ni une année horrible ou même une année vraiment mémorable. Dans la plupart des domaines, c’est une année où j’ai surtout continué une routine et où peu de choses se sont débloquées pour moi. Il y a deux choses très positives que je retiens cependant cette année : c’est l’année qui m’a lancée dans le monde des conférences (et fait rencontrer tout un tas de gens sans qui je n’imagine plus ma vie aujourd’hui) et c’est l’année où j’ai lancé sans le vouloir un cercle vertueux qui a sauvé plusieurs vies et changé complètement plusieurs familles.
Hello ? Is it me you’re looking for ?
Je n’ai jamais imaginé ma vie sans chien. (oui j’arrête ici le clickbaiting, c’est des vies de toutous qu’on a sauvé !) Toute petite, je mettais “un chien” sur ma liste au Père Noël tous les ans. Quand j’ai eu 10 ans, et qu’on s’apprêtait à déménager en maison, mes parents ont finalement accepté que mon oncle m’offre un chien pour Noël et ça reste mon meilleur Noël ever. Ce chien malheureusement n’a vécu que quatre ans et demi (saletés de tiques !) et quelques années plus tard c’est ma sœur qui a eu une chienne.
Et puis il y a eu plusieurs années sans chien parce que mon contexte ne me le permettait pas. En 2019 (très bonne année, donc) quand j’ai emménagé en colocation dans un appartement, une des choses que j’ai annoncées à mon potentiel futur coloc avant qu’on prenne la décision c’est que je comptais adopter un chien et que donc si c’était pas possible pour lui, on arrêtait là. Il a répondu que lui aussi, et on a donc décidé qu’on aurait deux chiens. (Qu’est-ce qui est mieux qu’un chien ? Deux chiens ! 🐶)
Si lui a pu adopter sa chienne dans la foulée (début 2020, juste avant que le covid ne s’installe), mon contexte a été plus compliqué et je n’ai entamé les démarche que fin 2021. J’ai contacté des tas d’associations, répondu à des tas de formulaires qui sont sensés prouver qu’on est capables de s’occuper d’un chien et pendant des mois je n’ai eu aucune réponse. Pourtant, je n’avais pas des critères impossible : je voulais une femelle, qui soit sociable avec les autres chiens et qui fasse moins de dix kilos. Et j’avais un super contexte : une autre chienne était déjà là, on a des tas de supers balades autour de chez nous, et je suis en télétravail, et mon coloc l’est partiellement aussi donc globalement les chiennes sont très peu souvent seules et jamais sur de longues périodes. (C’est en parlant sur Twitter de ce manque de réponses que j’ai rencontré Marcy Ericka Charollois d’ailleurs, et grâce à ça qu’on travaille ensemble sur des tas de super projets liés à l’inclusion et la diversité dans la tech !)
J’ai eu tellement aucune réponse que j’étais à deux doigts d’abandonner quand soudain….
Total eclipse of the heart…
Je trouve enfin une super association qui me répond quand je lui dis que je cherche une chienne à adopter. Au début les discussions se font autour d’une petite chienne handicapée mais une visite chez le vétérinaire leur permet de voir qu’elle a aussi un problème à une seconde patte et que donc clairement mon deuxième étage sans ascenseur n’est pas adapté. Le monsieur de l’association, avec qui à ce moment j’ai pas mal discuté me dit “Mais ne vous inquiétez pas, je pense que j’ai la petite chienne parfaite pour vous !”. Et là, il me parle de Trufa. Une petite croisée lévrier de 9 kilos qui est hyper sociable, toute sage et que tout le monde adore parce qu’elle est “appaisante”. Il m’envoie une photo et je tombe amoureuse.
Sauf que le refuge est en Espagne. Donc il faut attendre qu’il y ait un transport. Donc j’attends plusieurs semaines, je trépigne, jusqu’à rencontrer Trufa, sous une pluie battante sur une aire d’autoroute à deux heures de chez moi à trois heures du matin (quelle aventure !). Avec Trufa, ça matche tout de suite. Dans les semaines qui viennent il y aura plein de choses à apprendre, pleins de moments un peu délicats, mais notre lien s’est créé tout de suite. Il a tout de suite été évident que j’étais son humaine et qu’elle était ma chienne. Quelque chose d’indescriptible, et à quoi je ne m’attendais pas du tout pour cette petite chienne qui avait vécu trois ans en totale liberté en meute dans la campagne espagnole et n’avait jamais vraiment eu d’humaine. Un vrai happy ending…
Ou plutôt un joyeux commencement ?
Who let the dogs out ?
Au moment où j’ai annoncé à ma famille que j’allais adopter un chien, iels m’ont toustes répondu que c’était super mais que clairement pour le moment c’était pas possible pour elleux ! Très bien hein, je n’avais pas particulièrement prévu de faire de l’évangélisme.
Mais bon, c’est vrai que dans ma famille on est très chiens. Alors quand j’ai présenté Trufa à la famille, que je me suis mise à leur envoyer des photos tout le temps, à leur raconter ses aventures… Petit à petit, il semblerait que l’idée à fait son chemin.
Ma sœur a adopté sa chienne très rapidement après moi. Elle qui avait très longtemps bloqué sur l’adoption, puis dit qu’elle préférait un chiot pour pouvoir l’éduquer correctement, a adopté une croisée Malinois de deux ans, Thelma. Un amour de chienne.
Mes parents ont mis un peu plus de temps… Bon, pas tant que ça, moins de six mois. Et n’ont pas adopté un chien… Mais deux ! Un adorable croisé York/bichon de six mois qui s’appelle Choïco et un scottish de six ans, Pepon. Pepon, a été adopté de la même association que Trufa et on a découvert qu’ils étaient en fait dans le même box au refuge ! Le genre d’histoire qu'on ne trouve que chez Disney, imaginez ces deux chiens espagnols qui se retrouvent à vivre en région parisienne chez des membres d’une même famille ? Trop mignon, non ?
You spin me right round…
Bon, j’adore parler de ma chienne, et d’ailleurs j’arrive même à la caser dans mes conférences, mais pourquoi je vous parle de ça ? Bon déjà, vous égayer un peu votre mardi. On est dans une période vraiment pas rigolote et je trouve important de parfois partager de belles histoires. Un peu de douceur, ça fait du bien.
Mais pas seulement. Ce qui s’est passé avec ces quatre vies sauvées (oui c’était un peu du clickbait mais en même temps c’est littéralement ce qui s’est passé) c’est certainement l’une des illustrations les plus impressionnantes de quelque chose en quoi je crois vraiment : suivre son éthique c’est impacter le monde de façon positive.
J’ai adopté ma chienne, j’ai suivi mon éthique : j’ai adopté une chienne adulte, dans un refuge et pas en élevage. J’ai fait un choix qui n’est pas le choix de la facilité, d’autant plus que j’ai mis des mois à pouvoir le faire puisque personne ne me répondait (un jour je ferais un article où je vous donnerai mon analyse de cette situation). Et je n’ai pas lâché. Et les gens autour de moi ont vu tout le bonheur que ça m’a apporté. Et on suivi la même éthique.
Je n’ai pas du tout essayé de “convertir” mes parents et ma sœur. Je n’en ai tout bonnement pas eu besoin. Et du coup on est trois foyers super heureux avec nos toutous. Et les moments en famille sont complètement chaotiques (un bon chaos cette fois) avec tous ces chiens.
On parle très souvent des cercles vicieux mais moins des cercles vertueux parce qu’ils demandent en général plus d’effort. Mais c’est important de se souvenir que agir de façon éthique, chercher à faire le bon choix a aussi un impact et peut amener des bonnes choses.
C’est pareil avec l’inclusion. C’est du travail et ce sont des choix qui souvent nous compliquent la vie. Pour autant ça faire ces efforts entraine des cercles vertueux et des récompenses qu’on n’aurait jamais imaginés. Ça vaut le coup.