[Bonus 7] Ce que j'ai vu, lu, écouté pour la Pride
Un mois à se plonger dans l'histoire et la culture LGBTQIA+
Cette année j’ai vraiment eu envie de me faire un programme spécifique pour la Pride et de privilégier au plus les livres, films, séries, documentaires, podcasts, etc, qui parlent des enjeux LGBTQIA+. J’avais envie de célébrer la Pride comme ça, puisque cette année encore participer à une manifestation n’est pas possible pour moi, et d’en profiter pour m’éduquer un peu plus sur certains sujets, en priorité l’histoire du mouvement, la culture queer, etc.
Et comme du coup j’ai vu, lu, écouté des choses hyper cool, je me suis dit que je devrais partager avec vous et vous laisser le choix de picorer dedans. Enjoy !
[Documentaire] The Death and Life of Marsha P. Johnson (2017)
(vu sur Netflix)
Un documentaire qui parle de la lutte pour les droits LGBTQIA+ en général, les diverses violences contre les personnes trans en particulier, en suivant Victoria Cruz qui essaie de rouvrir l’affaire de la mort de Marsha P. Johnson, classée sans réelle enquête comme un suicide par la police à l’époque, mais remise en question par ses proches et sa communauté depuis.
J’ai adoré ce documentaire même s’il est plutôt dur à voir et que j’ai eu besoin de faire une pause au milieu. On y parle d’une période très difficile pour la communauté LGBTQIA+, on y parle de mort, de violences, de rejet des personnes trans, même au sein de la communauté. On y voit des destins brisés… Mais on y voit aussi beaucoup de force, de joie, d’espoir. Et un combat qui continue encore aujourd’hui.
J’ai adoré toutes les images d’archives, ça m’a donné l’impression d’être réellement plongée dans l’histoire de ma communauté. Je recommande ce documentaire, c’est une très bonne façon d’en apprendre plus sur l’histoire de la communauté LGBTQIA+ et des injustices qu’on continue à combattre.
[Documentaire] Pride (2021)
(vu sur Disney+)
Je suis surprise que cette mini-série documentaire n’ait pas fait plus de bruit, personnellement je n’en avais pas du tout entendu parler et je suis tombée dessus en recherchant des contenus sur Disney+ pour la Pride (hyper compliqué d’ailleurs, il y a des trucs mais ils ne ressortent pas en faisant des recherches…).
Cette mini-série en six épisodes retrace l’histoire du mouvement militant pour les droits LGBTQIA+ depuis les années 50 jusqu’aux années 2000, chaque épisode prenant une décennie comme focus.
J’ai été très (agréablement) surprise parce l’angle hyper intersectionnel que ce documentaire a choisi de prendre. On est loin de l’histoire institutionnelle réécrite par les dominant·es et on aborde vraiment la culture Queer et la militance Queer et c’est quelque chose que j’avais vraiment peu vu dans des documentaires mainstream.
J’ai apprécié certains choix originaux aussi dans les épisodes, chaque épisode a une spécificité, une sorte de choix artistique et j’ai trouvé que ça donnait une vraie originalité. J’ai adoré les thèmes abordés pour chaque décennie et j’ai appris pas mal de choses. Il y a une vraie valorisation des personnes, des militantes et militants, et c’était assez génial de découvrir autant de gens incroyables qui ont pavé le chemin avant nous.
Je recommande chaudement.
[Documentaire] Vivre dans le mid-ouest (2023)
(vu sur Disney +)
Ce petit reportage fait témoigner plusieurs familles LGBTQIA+ vivant dans le mid-ouest américain (Iowa, Nebraska, Kansas, Minnesota, …) et aborde les difficultés qu’elles ont à vivre dans une région très conservatrice. J’ai trouvé l’angle par lequel le documentaire prend la question intéressant, ici on ne parle pas de militantisme ou même de culture queer, les familles sont présentées comme des familles tout à fait classiques si on enlève la composante LGBTQIA+. Elles ont les mêmes besoins, les mêmes fonctionnements et les mêmes aspirations que la plupart des familles dans la norme. Pour moi c’était un documentaire qui faisait très bien le job de normalisation. Montrer que non, les LGBTQIA+ ne veulent pas la destruction de la famille est pour moi primordial, ça reste un des arguments principaux des réactionnaires et c’est bien sûr faux (même si nos modèles de familles peuvent bien sûr être très différents… mais parfois, comme dans ce documentaire, pas tellement).
[Spectacle] Nanette (2018)
(vu sur Netflix)
J’ai fait tout un article sur ce spectacle, donc je ne m’étalerai pas forcément ici. Quoi qu’il en soit, je ressors toujours de Nanette en larmes et plus forte. Je ne sais pas comment expliquer à quel point ce spectacle est guérisseur pour moi mais c’est clairement une catharsis dont j’ai besoin.
[Livre] Ten Steps To Nanette - Hannah Gadsby (2022)
Bon forcément, vu comment Nanette m’a impactée personnellement, je ne pouvais qu’avoir très envie de lire ce livre. Il était dans ma liste de livres à lire depuis sa sortie et j’ai fini par le prendre en audiolivre, lu par Hannah Gadsby, parce que j’adore sa façon de parler et d’interpréter et que je me voyais bien passer quelques heures avec elle.
J’ai tendance à beaucoup aimer les autobiographies/mémoires, particulièrement quand il y a un thème et que ce n’est pas juste “je vous raconte ma vie linéairement de la naissance à aujourd’hui”. Cette autobiographie était parfaite pour moi. Hannah Gadsby y raconte sa vie, de sa naissance à Nanette, mais elle le fait toujours avec comme fil rouge les thèmes qu’elle aborde dans le spectacle. En fait, ça ressemble à une sorte de version longue de Nanette, et c’est un vrai régal.
[Film]The Rocky Horror Picture Show (1975)
(vu sur Disney +)
(Je devrais dire re, re, re, re, re, (etc) vu si j’étais honnête)
LET’S DO THE TIME WARP AGAIIIIIIN !
Je pense que The Rocky Horror Picture Show (TRHPS) est sûrement un des films que j’ai revu le plus de fois dans ma vie. Je serais incapable d’estimer un nombre de visionnages mais à mon avis on est largement dans le nombre à deux chiffres.
C’est aussi un des rares films dont je me souviens très précisément de la première fois que je l’ai vu. J’avais une douzaine d’années et on avait passé la soirée chez des amis de la famille qui habitaient une rue au-dessus. J’étais fatiguée et je suis rentrée toute seule… Sauf qu’à l’époque j’étais incapable de dormir si j’étais toute seule dans la maison (TAG bonjour) et donc au lieu d’aller me coucher j’ai allumé la télé et zappé jusqu’à tomber sur un truc qui avait l’air intéressant… Et je suis tombée sur TRHPS, au début de la chanson Damnit Janet (au tout début du film donc). “Oh une comédie musicale que je n’ai pas vue !” me suis-je dis innocemment… Et je suis tombée dedans.
Vers le milieu du film, alors que j’étais complètement fascinée par ce que j’étais en train de voir, mon père est rentré à son tour. “Oh The Rocky Horror Picture Show !” et il a regardé la fin avec moi et m’a raconté les représentations avec animations qui existaient dans un cinéma à Paris…
Depuis je le regarde au moins une fois par an, si ce n’est plus. Pour moi ce film est à la fois quelque chose de très nostalgique : ma découverte du camp, d’une grosse partie de la culture queer, et de la possibilité d’une transgression joyeuse des normes du genre et des relations amoureuses/sexuelles et à la fois juste une très bonne comédie musicale qui me remonte le moral.
Ces dernières années quand je le regarde je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’aurait été le monde en général et la culture LGBTQIA+ en particulier si le VIH/SIDA n’était pas arrivé quelques années après que TRHPS ait été réalisé. J’ai l’impression qu’on était au bord d’un vrai changement sociétal et que ce changement a été bloqué par l’épidémie du VIH/SIDA et nous a fait revenir en arrière.
[Film] Single All The Way (Que souffle la romance) (2021)
(vu sur Netflix)
Je ne suis pas très comédies romantiques, parce que si je n’ai rien contre le côté un peu sirupeux, je trouve souvent qu’elles se basent sur des principes misogynes carrément flippants (du genre “une femme qui dit non ne demande qu’à être conquise”, ou “les femmes sont hystériques et les hommes doivent être patients”…). Même certaines comédies romantiques que j’aimais bien quand j’étais plus jeune sont devenues complètement impossibles à voir, je n’arrive pas à débrancher assez mon cerveau.
Ces dernières années les seules comédies romantiques que j’ai bien aimées étaient des comédies romantiques LGBTQIA+. Elles n’avaient pas besoin d’être particulièrement originales, mais le fait de partir sur des couples LGBTQIA+ amenait juste assez de différence pour qu’on évite les clichés sexistes qui me dérangent tellement dans les comédies romantiques cis-hétéros.
Single All The Way est une comédie romantique et un film de noël à la fois, donc autant vous dire que c’est dégoulinant de bons sentiments et un peu cucul. Mais il y a des jours où même la personne très en colère que je suis a besoin de ce genre de petits bonbons. Et ce que j’apprécie avec ce film c’est qu’il joue sur une trope des comédies romantiques que je déteste (deux personnes font semblant d’être un couple auprès de la famille de l’une des deux et finissent par tomber vraiment amoureuses) pour tout de suite l’envoyer en l’air (finalement le duo décide de ne pas mentir à la famille) et partir sur une autre trope avec laquelle j’ai du mal (les meilleurs amis qui sont en fait amoureux) mais la gère plutôt bien.
Le fait qu’il n’y ait absolument aucune homophobie dans ce film, que la famille soit hyper intrusive mais malgré tout tellement pleine de bonne volonté, qu’on ait toute une galerie de persos cis-hétéros un peu perdus mais essayant de bien faire, que les trois personnages gay soient joués par des acteurs gays, qu’il y ait une très bonne alchimie entre les personnages, et un casting au top, fait que ce film fonctionne. Le fait qu’il assume son côté très sirupeux aussi. Clairement le film sait qu’il est une sorte de fantasme d’une histoire très mignonne dans un cadre très mignon avec absolument que des gens très mignons, et le fait de la façon la plus honnête possible, sans aucune moquerie ou prise de distance.
Le casting aide beaucoup. Et la présence en seconds rôle de Kathy Najimi (qui est toujours excellente), de Barry Bostwick (très drôle de voir ce film juste après TRHPS) et de Jennifer Coolidge (qui fait du Jennifer Coolidge, et on l’AIME quand elle fait du Jennifer Coolidge) ajoute juste ce qu’il faut de comédie et de sincérité à ce petit film qui n’a rien d’un chef d’œuvre mais qui remontera le moral à toute personne un peu déprimée, j’en suis sûre.
[Livre] Nobody Passes - collection éditée par Mattilda Bernstein Sycamore (2006)
Il y a peu de collections d’essais par des auteurices différent·es que j’ai vraiment appréciées. Souvent je trouve que la plupart des essais sont bof, certains sont carrément mauvais et quelques-uns sont très bons. Cette collection ne déroge pas à la règle.
J’aimais beaucoup le thème et j’avais acheté ce livre il y a plusieurs années rien qu’à cause de son titre et de son pitch. Ce que j’appréciais c’était l’idée de développer le principe de passing (le fait de pouvoir passer comme appartenant au groupe dominant) sur plein d’axes différents et pas uniquement celui du genre, qui est souvent l’angle par lequel on aborde le plus ce sujet.
Le problème c’est que là la majorité des textes a l’air de ne pas bien savoir où aller avec ce thème. Si autant certains des essais sont clairement écrits par des gens qui ont déjà réfléchi à la question du passing, et ont même réfléchi à comment faire en sorte de passer ou à comment garder son identité tout en se protégeant grâce au passing, la plupart des autres semble jouer vaguement avec le thème.
Beaucoup de ces essais restaient en fait au niveau superficiel de ce sujet et donc la lecture est vite devenue très redondante, parce que tous les essais parlaient à peu près de la même chose, en partant juste d’identités différentes. Il y avait quelques perles dedans mais je me suis vite retrouvée à passer une grosse partie du livre, ce que je déteste faire.
[Film] Imagine Me & You (2005)
Lena Heady et Piper Perabo dans une petite comédie romantique lesbienne à l’anglaise, ça vous dit ?
En fait en voyant Single All The Way, j’ai eu envie de revoir ce film que j’aime bien et qui fait partie de mes moral boosters. Ça faisait un moment que je ne l’avais pas vu et j’ai été surprise de voir qu’alors qu’il approche de ses vingt ans d’existence, il tient toujours bien la route. (et franchement c’est pas le cas de tout ce qui a été tourné au début des années 2000 je dirais…)
Ici Piper Perabo tombe amoureuse de sa fleuriste Lena Headey… le jour de son mariage avec son fiancé (Matthew Goode). Donc forcément c’est un peu compliqué. Les deux actrices ont une alchimie très forte et arrivent à nous vendre totalement le coup de foudre. L’histoire est mignonne et le fait que ce soit une relation entre deux femmes donne une originalité, bien que ce ne soit pas le thème central du film (d’ailleurs à la base il a été écrit comme une romance hétéro mais visiblement ça a changé quand Lena Headey s’est présentée au casting… ce que je peux comprendre).
Bros (2022)
Le pitch est assez basique, une comédie romantique où deux hommes tombent amoureux mais ont du mal à gérer leurs insécurités et à vraiment accepter d’être vulnérables. Un pitch de comédie romantique quoi. Honnêtement je craignais un peu parce que c’est un film co-scénarisé par Billy Eichner, et il joue le personnage principal, et d’une manière générale j’ai tendance à le trouver irritant.
Mais j’ai été agréablement surprise. Cette comédie romantique arrive à la fois à être pleine de bons sentiments et très cynique. Il y a même pas mal de satire dedans et une grosse critique de la culture queer… Tout en mettant en valeur cette même culture. J’ai apprécié cet équilibre (parfois un peu instable) dans le film. J’ai aussi apprécié qu’il s’agissait d’un film sur des hommes gays d’aujourd’hui et pas une sorte de fantasme d’hommes gays d’il y a quarante ans ou d’hommes gays complètement hétéronormatifs. Ça change.
Il y a des blagues qui ne m’ont pas fait trop rire, d’autres moments où j’ai bien rigolé, et globalement j’ai trouvé que la sauce prenait bien, que les personnages étaient bien écrits et que la relation était crédible. Oui le personnage central est énervant et hyper auto-centré, mais c’est souvent aussi le cas dans les comédies romantiques donc j’ai trouvé ça plutôt adapté.
[Livre] Warrior Poet : A biography of Audre Lorde - Alexis De Veaux (2004)
J’ai pas de chance avec les livres que j’ai sélectionnés pour la Pride, celui-là j’ai carrément décidé de ne pas aller au bout et ai arrêté de le lire à peu près au quart.
J’ai lu Sister Outsider d’Audre Lorde en 2018 et j’ai tout de suite enchaîné avec ses poèmes. Après avoir lu tout ça, j’ai eu envie d’en savoir plus sur elle et j’ai acheté cette biographie qui avait de très bonnes critiques. Si j’ai attendu six ans avant de la lire, c’est que je ne suis pas très biographies. Autant j’adore les autobiographies/mémoires, autant je suis toujours déçue par les biographies.
J’ai décidé d’enfin la lire à l’occasion de la Pride. Mais cette biographie a absolument tous les défauts que je déteste dans les biographies. Outre le fait qu’elle est écrite comme un texte universitaire et donc plutôt lourde dans son style et très froide, elle a trois défauts principaux qui m’ont poussée à arrêter de la lire :
Il y a un gros manque au niveau de l’édition du texte. Désolée mais je n’ai absolument pas besoin qu’on me parle d’absolument toutes les personnes qu’Audre Lorde a rencontrées, et j’ai encore moins besoin d’avoir une mini-biographies de ces personnes à chaque fois. Je finis par avoir l’impression de lire le bottin, c’est épuisant et je perds le fil. Par ailleurs j’ai pas non plus besoin de connaître tous les détails de tous les déménagements… L’autrice a eu accès aux journaux intimes d’Audre Lorde et semble avoir l’impression qu’on a besoin d’une narration exhaustive de sa vie, ça n’est pas ce que j’attends d’une biographie.
Le livre est dépolitisé à fond. Je comprends qu’on ne veuille pas parler à la place des gens quand on est biographe, mais en l’occurrence tout est froid, factuel, il n’y a quasiment aucune mention de ce que pensait Lorde, ou de pourquoi elle faisait les choses, juste une énumération de faits, et du coup ce livre ne dresse pas un portrait de l’autrice mais juste nous dit ce qu’elle a fait.
Alexis De Veaux semble vouloir se positionner de façon objective face à son sujet. Plusieurs fois, elle nous dit comment Lorde a vécu une situation, puis contredit en parlant de comment ses sœurs par exemple ont vécu la même situation. Du coup, ça donne l’impression que soit Lorde est une menteuse, soit ça brouille complètement l’histoire. Une vie ça n’est pas objectif. On ne peut pas raconter une vie en amenant tous les points de vue des gens autour, ça n’a aucun sens. (ou en tout cas, moi ça n’est pas ce que je recherche, et c’est sûrement pour ça que je préfère les autobiographies).
[Documentaire] A secret love (2020)
(vu sur Netflix)
Un documentaire produit par Ryan Murphy sur l’histoire d’amour entre deux femmes qui ont été obligées de cacher leur relation toute leur vie, en théorie super intéressant, en pratique… meh.
Terry Donahue et Pat Henschel sont deux femmes canadiennes qui se sont rencontrée en 1947. Elles ont quitté le Canada et se sont installées à Chicago et ont vécu toute leur vie ensemble, dont plus de soixante ans en cachant leur amour. On les retrouve dans ce documentaire à un moment charnière de leur vie où des problèmes de santé les poussent à devoir reconsidérer leur autonomie et où elles choisissent d’enfin se marier.
Quand je pitche, ça me donne encore trop envie. Sauf que ce documentaire a été fait par le petit neveu de Terry et, clairement, ça a posé des problèmes. Déjà, la mère du réalisateur, la nièce préférée de Terry, est autant centrée dans le documentaire que le couple. Elle prend en fait plus de place. C’est elle qui raconte une partie de l’histoire, elle qui analyse les situations, elle qui donne son avis sur des sujets où on n’a pas l’avis des deux femmes sensées être le sujet. C’est hyper problématique. Il y a par exemple une scène où on la voit appeler le couple (elle vit au Canada) pour prendre des nouvelles et on la voit pleurer parce qu’elle se sent impuissante face aux problèmes de santé des deux femmes et en fait quel est le rapport avec le sujet du documentaire ??
Le documentaire nous est vendu comme un documentaire sur un amour caché plus de soixante ans… Et en fait on parle très peu de ça. Le documentaire parle beaucoup plus de la perte d’autonomie des deux femmes et de comment elles sont obligées d’accepter de vendre leur maison et d’aller en résidence pour sénior·es. Le documentaire parle aussi beaucoup plus de la relation entre la nièce et Terry ou la nièce et Pat que de la relation entre Terry et Pat. (D’ailleurs la nièce a un discours hyper toxique sur la relation et est régulièrement semi-maltraitante avec Pat).
Je passe le fait que c’est jamais questionné le fait que TOUTE LEUR FAMILLE ait jamais réalisé qu’elles étaient lesbiennes alors qu’elles vivaient ensemble depuis plus de soixante ans (et partageaient une chambre hein). Mais surtout Terry et Pat évoquent à plusieurs reprises le fait qu’elles devaient se protéger, que c’était dangereux d’être out… Et ça n’est jamais développé. On sent que ça n’intéresse pas le réalisateur alors que ça devrait être au centre de l’histoire. De même, elles évoquent la culture queer mais c’est rapidement chassé par d’autres sujets qui intéressent visiblement plus le réalisateur, qui d’ailleurs les interroge relativement peu. Finalement, ça n’a pas l’air de beaucoup l’intéresser les trésors que ces deux femmes peuvent sortir de leurs vécus, il préfère les filmer pendant leur déménagement ou passer un long moment à raconter le passé de joueuse de baseball de Terry (ce qui est intéressant hein, mais ne devrait pas prendre autant de place dans un documentaire sur leur relation).
[Film] Pride (2014)
Pride est ce genre de films que je pourrais revoir quatre ou cinq fois dans l’année sans me lasser. Petit film britannique qui se présente comme une de leurs comédies sociales (dans la lignée de The Full Monty), ce qui est particulièrement intéressant avec Pride c’est que c’est tiré d’une histoire vraie qui paraît trop absurde pour être vraiment arrivé. Il s’agit d’un film qui raconte comment un groupe de militant·es LGBTQIA+ de Londres ont soutenu la grève des mineurs dans les années 80 et récolté des fonds pour faire tenir un petit village gallois contre Thatcher.
Avec une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, que ce soit du côté LGBTQIA+ ou du côté mineurs, ce film raconte comment l’entraide peut amener à une nouvelle communauté, et comment on peut parfois trouver des allié·es là où on ne les aurait jamais cherchés. C’est une vraie histoire de convergence des luttes, dans toute sa complexité. Et ce que j’apprécie vraiment c’est qu’on est loin d’une histoire où les gentils citadins viennent éduquer les gallois un peu benêts, mais bien une histoire de partage. C’est aussi un film qui parle du SIDA, de l’homophobie, et qui pour autant ne met pas la souffrance au centre de son propos mais bien la joie qu’on peut trouver dans une famille choisie dans ces moments difficiles.
[Film] To Wong Foo Thanks for Everything, Julie Newmar (1995)
(note : en France le titre a été traduit par “extravagances” parce que clairement, on n’a absolument aucun fun dans notre pays)
Patrick Swayze, Wesley Snipes et John Leguizamo dans un film où des drag queens new-yorkaises se retrouvent bloquées dans une petite ville un peu arriérée et font découvrir aux femmes de la communauté le pouvoir de la sororité. Oui c’est un pitch un peu bizarre. Et oui le film est chaotique et un peu brinquebalant à certains moments. Mais c’est un très bon film, au point que le revoir m’a inspiré une idée d’article donc je ne vais pas trop m’étaler mais : regardez le. Patrick Swayze est particulièrement incroyable dans le rôle de Deva et sa relation avec Stockard Channing (qui joue une des femmes de la ville) vaut le coup de voir le film à elle toute seule. (mais en plus c’est drôle, émouvant, un peu camp et plein de bons sentiments et de moments un peu jouissifs… Et y a un jeune Michael Vartan qui s’en prend plein la tronche et une participation de Robin Williams au début qui est hilarante).
[Livre] But How Are You, Really ? - Ellaa Dawson (2024)
Je lis énormément de choses différentes et j’aurais du mal à vous dire quel est mon genre littéraire favori, par contre si vous me demandez celui que j’aime le moins, je vous répondrais assez rapidement la romance. C’est pas une critique objective, je ne dis pas que c’est un mauvais genre, c’est juste que ça n’est pas pour moi. De la même façon, j’ai tendance à me tenir plutôt éloignée de la YA, et je n’en lis que quelques exceptions. Alors le combo YA et romance, ça n’est pas ce que vous trouverez dans ma pile de lectures normalement.
Mais de temps en temps j’aime bien sortir de ma zone de confort et lire quelque chose que je ne lirais pas en temps normal. Et pour une fois, je n’ai pas regretté. Ce livre est pourtant ce que j’évite en général : l’histoire d’une jeune femme à la fin de la vingtaine qui ne sais pas quoi faire de sa vie et qui tombe sur un ex et renoue avec lui pendant la réunion des 5 ans de leur fin d’études. Mais ce qui m’a convaincue c’est que le personnage principal était bisexuelle et qu’elle était entourée de personnages queers. Je me suis dis que, peut-être, les tropes YA et romance version LGBTQIA+ seraient différentes.
Et elles l’étaient. Parce que le livre parle aussi de trauma, de PTSD, et de comment ça peut influencer notre vie sans qu’on s’en rende compte, et comment ça peut complètement changer notre façon de relationner avec les gens. Et bien sûr, c’est aussi un livre qui parle de comment dépasser ces traumas, comment reprendre sa vie en main, et comment parfois choisir le raisonnable est en fait un choix délétère. Bref, globalement j’ai bien aimé. J’ai grimacé pendant les scènes de sexe (mais je grimace toujours pendant ce genre de scènes) et j’ai trouvé que l’héroïne était un peu fatigante avec son monologue interne à certains moments (mais elle était en pleine décompensation traumatique donc c’était cohérent). La galerie de personnages était vraiment cool et c’était chouette de voir des personnes LGBTQIA+ et une famille choisie au centre d’une histoire avec ce genre de thèmes.
Et vous, vous avez des pépites à me conseiller pour la prochaine Pride ? (ou avant)